LE VILLAGE DES DAMNES

Wolf RILLA (1920-2005)

Grande-Bretagne, 1960, Village of the Damned

George Sanders, Barbara Shelley, Martin Stephens, Michael Gwynn...

Que s’est-il passé dans la petite ville de Midwich ? Un beau jour, tout ce qui vivait dans un périmètre de quelques kilomètres s’est endormi. Quiconque s’approchait subissait le même sort. Le plus étrange est qu’au réveil, toutes les femmes en âge de procréer étaient enceintes. Evidemment, c’est le drame chez les femmes fidèles. Mais l’histoire ne perd pas de temps sur ces détails. Les enfants, une douzaine, naissent et grandissent, ensemble et à l’écart des autres. De jolies têtes blondes, cependant insensibles, vindicatives et dangereuses. Dès le plus jeune âge, ils appliquent la loi du talion, usant de leur don de télépathie. Le biberon est trop chaud ? Maman sera forcée de plonger la main dans l’eau bouillante. Gordon, père d’un des ces enfants, tentera par tous les moyens de leur enseigner la morale. Bien que l’état-major soit plutôt pour une extermination de ces intrus.

Dans cette histoire, adaptée du roman Les coucous de Midwich de John Wyndham, se jouent de nombreux aspects de notre humanité ; notamment, la foi en quelque chose de bon en chacun de nous, opposée à la raison froide et cruelle. L’instinct maternel y est la cible d’un violent camouflet, les enfants ne rendant jamais l’immense amour qui leur est porté. La question (trans)posée est la suivante : si vos propres enfants étaient manipulés par une puissance désirant conquérir le monde (au hasard l’URSS), seriez-vous prêts à les tuer ? On sent bien qu’il est fait appel à tous les moyens de contredire la théorie darwinienne (lutter pour la survie). Mais les enfants l’appliquent eux-mêmes sans restriction. Ils faudra donc que les hommes répondent dans la même démesure (théorie stratégique de la réponse graduée).

Dépassé le prisme de la Guerre froide (pas forcément nécessaire malgré la période de réalisation), ce film fantastique distille une angoisse franchement palpable, sans répondre à toutes les questions posées, comme d’où viennent les enfants, pourquoi la colonie de Midwich est la seule à avoir survécu, mais comment font-ils le coup de la lumière dans les yeux ?... Le bon remake de John Carpenter (avec Christopher Reeve, Kristie Alley et Mark Hamill !) proposera l’idée que les enfants vont par deux. L’un gamins privé (ou libéré) de son double suivra d’ailleurs un itinéraire différent des autres. Plus humain.