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OUTLANDER, LE DERNIER VIKING
samedi 18 avril 2009, par
Howard McCAIN
Etats-Unis, 2008
Jim Caviezel, Sophia Myles, Jack Huston, John Hurt, Ron Perleman
En disant que Outlander était un léger mélange de Braveheart et de Highlander [1], Jim Caviezel, qui tient le rôle principal de Kainan, un extraterrestre naufragé dans la Scandinavie du VIIIe siècle après Jésus Christ, tend à fourbir deux suppositions : d’une part qu’il n’a jamais vu les deux films dont il parle ; d’autre part qu’il ne s’est jamais intéressé à la SF ou aux Vikings.
Et puisqu’on parle de recette, en narrant l’histoire du combat à mort entre un extraterrestre aidé par les Vikings avec un alien monstrueux et féroce caché dans la soute du vaisseau spatial et qui s’attaque aux villages vikings, Outlander tient plutôt de Predator et d’Alien. De nombreuses scènes évoquent forcément le 13e guerrier, surtout quand il s’agit d’aller débusquer la bête dans son repaire. Si dans la physiologie de la créature se retrouve l’alien de Cameron, on se demande si son créateur, Patrick Tatopoulos, ne s’est pas inspiré du Balrog et de son fouet mis en image par Peter Jackson dans La compagnie de l’anneau. En tout cas, avec un viking nommé Boromir, la référence, si ce n’est l’hommage, au Seigneur des anneaux est patent ! Pour terminer le tout, mais là c’est peut-être un hasard, un E.T. humanoïde chez les Vikings, ça rappelle Thorgal.
L’ensemble a de plus de fortes ressemblances avec Beofulf, les E.T. en moins bien sûr, mais en y réfléchissant bien, les grandes lignes sont là : un héros étranger débarque et délivre un peuple d’un monstre et de sa progéniture, lui-même n’étant pas étranger à la genèse dudit monstre.
Il faut pour autant éviter de qualifier Outlander de salmigondis. Les renvois et autres rappels qu’il peut susciter présentent une remarquable homogénéité. Il est en revanche inévitable de reprocher aux pères du film de manquer d’imagination et de ne pas avoir fait preuve d’innovation. De fait, ils n’ont loupé presque aucun cliché : l’étranger qui débarque dans une communauté et doit faire ses preuves, la rivalité qui s’installe avec le jeune ambitieux, la belle autochtone qui s’amourache du petit nouveau (on se croirait dans une salle de classe...), ce dernier qui hésite entre rester et partir, le passé d’antagonisme entre le héros et le monstre dans une vaine tentative de donner une personnalité à ce dernier, tout comme la naissance d’une progéniture d’ailleurs. On retiendra néanmoins que les Vikings ne sont pas rancuniers puisqu’ils ne chargent pas Kainan lorsqu’il reconnaît être responsable de la venue du monstre.
A Outlander manque aussi un réalisateur plus dynamique, car Howard McCaine, dont c’est le deuxième long métrage, sait valoriser les magnifiques paysages de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Ecosse principalement mais n’est pas créatif dans les scènes d’actions ou la mise en suspens qui est très très loin de valoir celle d’Alien.
Pourtant, Outlander se regarde sans agacement, surtout si on apprécie un tant soit peu les Vikings mais qu’on ne s’attend pas à voir un chef d’œuvre de reconstitution historique (les bâtiments font réalistes, même si l’arbre dans le hall dont la toiture ressemble à l’église de Søgn en Norvège, pourrait être une référence un peu forcée à Yggdrasil, l’Arbre-Monde de la mythologie nordique). Difficile cependant de déplacer les foules pour un tel film qui réunit déjà-vu et absence d’innovation, d’où des sorties discrètes dans le cadre de festivals comme celui de Cannes en 2008 ou du Fantasy Filmfest allemand, peu de sorties nationales (et surtout pas en France) et des arrivées parfois directement dans les bacs en DVD, surtout en France où le film a hérité du sous-titre incompréhensible du "dernier Viking".
[1] cf. l’article wikipedia sur le film : http://en.wikipedia.org/wiki/Outlander_(film)