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Les Vaisseaux d’Omale
samedi 27 février 2016, par
Laurent GENEFORT (1968-)
France, 2014
Denoël, collection Lunes d’encre, 448 p.
Dernier roman en date du cycle d’Omale, paru juste après la publication d’une intégrale de ce même cycle en deux volumes chez Lunes d’encre, Les Vaisseaux d’Omale est surtout le premier écrit par Laurent Genefort depuis La Muraille sainte d’Omale, même s’il avait continué d’alimenter la série par le biais de nouvelles.
Comme dans le troisième roman, d’ailleurs, il est question d’exploration et d’expédition. Les Hodgqins et les humains ont en effet décidé de s’associer afin de répondre au rendez-vous fixé par les Aezirs, et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de se rendre dans l’espace, afin de cingler vers un des deux satellites d’Heliale. Un voyage sans précédent, donc, pour lequel les Hodgqins ont mis en chantier le premier vaisseau spatial depuis l’arrivée des trois rehs dans la sphère creuse d’Omale. C’est sans compter sur la présence d’un agent double au sein de la compagnie scientifique humaine et sur l’avidité de pirates chiles, désireux de s’approprier cette technologie. En dépit des difficultés, ce premier voyage spatial permettra une forme d’unification de la Grand’Aire, constituant également par son déroulement un hommage à une science-fiction rétro, celle de Jules Verne, Wells ou même la proto science-fiction de Cyrano (par le biais d’un livre proche de Histoire comique des Etats et Empires de la Lune).
Mais Les Vaisseaux d’Omale est au moins aussi intéressant par ce que révèle son sous-titre, « L’Aire Hodgqine ». Jamais, en effet, nous n’avions pénétré d’aussi près l’univers de ces humanoïdes si particuliers. Nous sont ainsi dévoilés leur urbanisme à base d’organismes végétaux, leurs moyens de transport (des sortes de téléphériques géants), leur sociabilité, mais également leur origine : longtemps avant leur arrivée sur Omale, les Hodgqins étaient en effet divisés en deux espèces, qui firent le choix de fusionner afin de mettre fin aux conflits entre elles, d’où l’existence de tuteurs entre les mâles et les femelles. En réalité, Laurent Genefort donne dans ce roman l’impression de faire feu de tout bois, en élargissant considérablement les perspectives de son monde. Car non seulement une quatrième reh, nomadisant entre les Aires, nous est révélée, mais de nombreux éléments sont également dévoilés sur certaines des autres espèces occupant la surface d’Omale et ayant déjà tenté par le passé des expéditions vers les captives ou même vers les sorties polaires de la sphère géante d’Omale. Sans oublier l’élucidation de la nature véritable des Aezirs, ou des précisions supplémentaires quant à ces nano-machines qui composent le carb.
Encore et toujours, c’est le métissage, la compréhension de l’autre et la quête scientifique menant vers toujours plus de vérités qui sont ici célébrés, opposés qu’elles sont au racisme clairement en vigueur dans certains milieux militants de Termina, capitale de l’Aire tripartite, et à l’obscurantisme religieux. Incontestablement, Les Vaisseaux d’Omale, à la prose prenante et classique, s’impose comme un des meilleurs romans du cycle.