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Flashpoint

dimanche 9 janvier 2022, par von Bek

Scénario : Geoff JOHNS (1973-)

Dessins : Scott KOLINS (1968-) & Andy KUBERT (1962-)

Etats-Unis, 2011

Urban Comics, 2013

Dans Crisis On Infinite Earths DC Comics inaugurait une pratique qui allait faire couler de l’encre et pas seulement sur la planche à dessin : le reboot. A mes yeux, cela créait un dangereux précédent avec la tentation de résoudre les problèmes éditoriaux (i.e. le déclin des ventes). J’aurais pu ajouter qu’il reposait sur un vœu pieux, celui de simplifier un univers devenu difficilement compréhensible dans sa globalité pour les lecteurs et, peut-être, difficilement maîtrisable pour les auteurs. Crisis fusionnait tous les mondes, mettant fin aux univers parallèles. C’était en 1986. Immanquablement, reboot et univers parallèles allaient réapparaître. Une Crisis effaçant l’autre : Infinite Crisis (en 2006) restaure les univers parallèles et Barry Allen alias Flash, tué dans Crisis On Infinite Earths, réapparaît un peu plus avant de faire son retour dans Blackest Night. Retour à la case départ. C’est l’heure du reboot. C’est l’heure de Flashpoint.

Il y a six mois, en juin 2021, Urban Comics publiait une édition dixième anniversaire de la mini-série qui s’enrichit surtout d’un grand nombre de crayonnés de Kubert [1]. Pour le reste, l’édition française de Flashpoint s’ouvre toujours sur le huitième numéro de février 2011 du périodique Flash, sans doute afin d’introduire ou de rafraîchir les mémoires quant au Néga-flash. Ce personnage, issu du XXVème siècle, est en fait une incarnation de la règle physique disant que toute action entraîne une réaction. Partant de là, la force véloce de Flash a entraîné la création du Néga-flash dont le périodique présente une genèse en insistant sur sa capacité à altérer le temps. Ce que ne peut faire Flash.

Commence ensuite la mini-série Flashpoint proprement dite qui voit Barry Allen se réveiller dans un monde très différent de son monde d’origine. D’une part à son échelle personnelle, outre qu’il n’a plus ses pouvoirs, il découvre que sa mère n’est pas morte assassinée et qu’il n’est pas mariée, sa femme étant fiancée à un autre. D’autre part, à l’échelle globale, ce monde ne connaît pas Superman, et surtout les Atlantes, menés par leur roi Aquaman, livrent une guerre meurtrière et vengeresse aux Amazones, menées par Wonder Woman. Les retombées ont ravagé l’Europe et menacent le reste du monde. Une carte, précédent le carnet de croquis, suggère par ailleurs une situation difficile, d’un monde au bord d’une guerre générale.

Désireux de retrouver le monde dont il a gardé le souvenir, en dépit du meurtre de sa mère, Barry se rend à Gotham pour demander l’aide de Batman, lequel s’avère ne pas être Bruce Wayne, mais son père Thomas dans une incarnation plus brutale de l’homme chauve-souris, car c’est Bruce et sa mère qui sont morts dans la ruelle sombre. Après avoir réactivé les pouvoirs de Flash, les deux héros sollicitent l’aide de Cyborg qui s’est vu de son côté confier par le gouvernement américain la lourde tâche de réunir des super-héros pour un terme au dévastateur conflit atlanto-amazone. De fil en aiguille, tous vont se retrouver dans la Grande-Bretagne occupée par les Amazones à la veille d’une attaque atlante susceptible de submerger les rives de l’Atlantique et le Néga-Flash ne manque pas de venir contempler le désastre autour de son alter-égo abhorré. Cette intervention ouvre la porte au dénouement et à la remise en ordre dans le cinquième et dernier chapitre. Mais cette remise en ordre passe par une nouvelle modification du passé et, de fait, créé une nouvelle continuité chronologique. Mini-série, gros effets.

C’est bien d’un reboot dont il s’agit. La maison DC en profite pour faire du ménage et ouvre son ère qualifiée de « Renaissance » en français, traduction pas forcément judicieuse du New 52 en version originale, d’autant que le reboot suivant s’appelle... Rebirth. 52 parce que DC Comics en profite pour faire du ménage et limite ses éditions à 52 périodiques qui (re)commencent tous au numéro 1, y compris Action Comics, l’un des plus anciens [2].

Par ailleurs, la série Flashpoint, aussi mini qu’elle fut, a créé un tout nouvel univers, qui, quoique détruit à la fin, donnait matière à plein d’histoires. Ce qui, bien sûr, est totalement involontaire de la part de DC qui serait bien bête de ne pas en profiter. Alors qu’en juin 2011 paraît le troisième numéro de Flashpoint, une mini-série de trois épisodes, The World of Flashpoint vient exploiter le filon et de nombreux autres suivent, s’attachant aux versions "Flashpoint" des héros DC ou même de héros créés pour la circonstance tels que Citizen Cold, sans que ce soit pour autant systématique comme l’atteste la version très originale de Shazam qui est la transformation de non plus un adolescent mais de cinq.

En tant que partie de la saga Detective Comics, Flashpoint constitue donc une étape importante. Sa réussite intrinsèque est un autre problème. Si elle met en scène un monde intéressant parce que beaucoup plus sombre, elle s’avère aussi de ce point de vue très frustrante, sa brièveté ne permettant pas de développer. L’idée de Flash retournant dans le temps pour modifier son passé n’est pas en soit très originale ; elle avait d’ailleurs déjà été imaginée avant, avec une issue complétement différente et beaucoup moins spectaculaire. L’histoire de Flashpoint se tient à peu près en dépit de de ses choix narratifs pas toujours cohérents tel que le fait que les héros se retrouvent au milieu de la guerre ou que le néga-flash débarque. Sa plus grande réussite est graphique à mes yeux : pour moi qui suis un fan des comics des années 70-80, elle ne m’a pas rebuté et je dirais même l’avoir appréciée.

Pour le lecteur, elle n’aide pas à simplifier la compréhension du monde DC, d’autant que la période Renaissance qu’elle ouvre ne dure que cinq ans à proprement parler et qu’elle créé un nouvel univers pas franchement simple. Encore le lecteur français a-t-il de la chance, car il y a déjà eu une mini-série Flashpoint, de trois épisodes, et réalisée en 1999, mais qui, pour autant que je le sache, n’a pas paru en France.



[1Sans comparaison avec l’édition américaine du 10ème anniversaire qui, elle, propose quelques (sic) comics en plus pour un volume de plus de 1 500 pages...

[2On remarquera que le choix de 52 n’est pas non plus judicieux car il peut entraîner une confusion avec l’arc narratif 52 qui suit Infinite Crisis...

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