LE GENDARME ET LES EXTRA-TERRESTRES

Jean GIRAULT (1924-1982)

France, 1979

Louis de Funès, Michel Galabru, Maurice Risch, Guy Grosso, Michel Modo, Jacques François

Les conséquences de Rencontres du 3e type et de Star Wars sur le cinéma français sont incommensurables. Les professionnels français prirent sérieusement en ligne de compte l’engouement du public pour la science-fiction et ils introduisirent les extra-terrestres dans le cinéma hexagonal avec tout le sérieux qu’ils attribuaient à cette nouvelle tocade. En 1979, vaguement présents dans Ils sont grands ces petits, les ET sont au centre du nouveau film de la série du Gendarme de Saint-Tropez.

Pensant pouvoir envahir la Terre, les ET entreprennent de préparer le terrain en neutralisant les cadres de l’autorité : la fameuse brigade de gendarmerie de Saint-Tropez. Pour ce faire, ils substituent purement et simplement aux forces de l’ordre des robots identiques aux originaux, efficaces quoique requerrant une certaine quantité d’huile. Mais le chef Cruchot veille. Témoin de l’atterrissage, il rencontre l’incrédulité de son supérieur hiérarchique. Il doit donc se débrouiller seul pour convaincre ses collègues et élabore une stratégie hautement perfectionnée d’identification des sosies, dite stratégie de la fourchette, qui, accompagnée d’une arme hydraulique à haut degré d’irradiation saline, surmonte la supériorité technologique de l’ennemi.

Je ne sais pas si ce qui est le plus navrant dans ce 5e film de la série du Gendarme. Est-ce le peu d’estime manifeste entretenu par le cinéma français pour la SF (il lui a toujours préféré le fantastique) ? Soit il ne s’intéresse pas à ses thématiques, fréquemment abordées au cinéma outre-atlantique et au Japon, soit il considère qu’il s’agit d’enfantillages juste suffisants à une comédie bon enfant. Ou bien est-ce le ratage de cette tentative de renouvellement de la série de la maréchaussée tropezienne dont l’épisode précédent remonte à 1970 et que Jean Lefebvre a quittée ?

Loin du chef-d’œuvre du 7e art et de la satire sociale, le film est peut-être très engagé parce qu’il tourne quelque peu en dérision les forces de l’ordre. Quant à fournir une excuse pour échapper à un dîner avec les amis de votre femme, c’est difficile. Mais vous le savez déjà M. Bénabar...