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La saga de Hrolf Kraki

Le dit de Poul

samedi 27 octobre 2007, par von Bek

Poul ANDERSON (1926-2001)

Etats-Unis, 1973, Hrolf Kraki’s Saga

Le Bélial’, 2004, 320 p.

ISBN : 2-84344-055-6

Ce n’est pas abuser que de placer La saga de Hrolf Kraki dans le domaine du fantastique. Le personnage appartient à l’histoire du Danemark et figure dans les poèmes épiques médiévaux Beowulf et Widsith. Il doit subsister une cinquantaine, sans doute moins, de manuscrits retraçant la saga de ce roi danois des Ve-VIe siècles. On imagine sans peine la passion et le soin que Poul Anderson, fier de son héritage scandinave, a pu mettre dans les recherches et la composition de son livre. La même passion et le même soin qui lui font prendre le temps de présenter la saga originelle et de la situer par rapport aux autres épopées plus célèbres (celles des Niebelungen entre autres...). Il n’est donc pas nécessaire de s’attarder dans mon introduction et plutôt faire confiance à Poul Anderson.

Le lecteur peut cependant être un brin décontenancé par le peu de place prise par Hrolf dans le récit. Le livre est en fait composé des aventures - des dits - de plusieurs personnages gravitant autour de Hrolf, à la manière des récits des chevaliers de la Table Ronde qui tourne autour de Arthur. La comparaison avec ce dernier ne manque pas d’être faite par Poul Anderson qui rapproche la sagesse et l’oeuvre pacificatrice des deux souverains. Il aurait aussi pu évoquer la similitude existante entre Morgane, la fée, et Skuld, la demie-soeur du roi enfantée d’une Elfe.

Les dits de la parenté de Hrolf occupent d’ailleurs une place non négligeable dans l’ouvrage en particulier celui de son père, Heigl, et de son tragique destin qui le fit tomber amoureux de sa fille dont il ignorait jusqu’à l’existence. Il y a donc quelque chose d’oedipien dans la saga. Mais l’essentiel repose sur les dits de Svipdag et Bjarki, deux guerriers, l’un suédois et l’autre norvégien, qui rallient la compagnie de Hrolf et l’assistent dans son oeuvre.

Leurs exploits constituent le point fort de la saga, mais plutôt que d’accomplir des quêtes chevaleresques, les deux hommes désirent ardemment prouver leurs valeurs et habileté au combat. Le sang coule donc abondamment dans Hrolf Kraki et l’auteur, prompt à décrire la nature ou la société scandinaves, ne l’est pas moins à mettre en scène de violents combats durant lesquels les organes sont tranchés ou extraits des corps par des géants barbus, berserkers ou non.

Le récit revêt donc un côté exagérement viril avec ses massacres et ses ripailles, bien plus que ses équivalents courtois du moyen-âge occidental. Il n’en demeure pas moins très intéressant et ouvre la voie à d’autres découvertes celles des Eddas, de Beowulf ou de Siegfried, une culture un peu méconnue en France parce qu’entâchée de préjugés politiques et culturels. Seules des fautes de typographie, un "la" devenu "le" ici, une confusion de prénoms là, viennent ternir le plaisir de la lecture de La saga de Hrolf Kraki. Remercions quand même vivement les éditions du Bélial’ pour cette réédition.

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