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La forteresse noire
samedi 29 août 2009, par
F. Paul WILSON (1946-)
Etats-Unis, 1981, The Keep
Bragelonne, coll. Milady, 2009, 384 p.
La Forteresse noire en est déjà, avec cette nouvelle parution poche, à sa cinquième édition en français, en raison de son statut de classique de l’horreur fantastique. Rappelons tout de même que Michael Mann en réalisa l’adaptation cinématographique deux années plus tard seulement, avec Gabriel Byrne et Ian Mac Kellen (voir la critique sur ce même site). Au printemps 1941, alors que l’Axe court de victoire en victoire, un détachement de la Wehrmacht commandé par le capitaine Woermann est chargé d’occuper un château en Roumanie, clef du passage vers une zone pétrolifère stratégique. Toutefois, la curiosité d’un des soldats conduit à réveiller une créature antédiluvienne, qui commence à massacrer les uns après les autres les Allemands présents. Un groupe de SS est alors envoyé pour solutionner le problème, mais son responsable, le major Kaempffer, devra se résoudre à solliciter l’aide d’un universitaire juif malade, dont la fille lui sert d’infirmière… Parallèlement, un énigmatique personnage aux cheveux de feu décide de quitter le Portugal où il réside pour rejoindre le donjon de Dinu, avec des motivations obscures.
F. Paul Wilson livre ici un roman conçu délibérément comme un hommage à Lovecraft : outre la dédicace explicite, le château abrite en ses murs une collection de livres maudits parmi lesquels le Nécronomicon, Le Culte des Goules, et autres titres qui raviront les connaisseurs. L’intrigue est menée efficacement, d’une plume alerte et rythmée, et les personnages sont brossés avec juste ce qu’il faut de crédibilité, Magda et son père, mais surtout les deux officiers allemands, Woermann, attaché à la Prusse traditionnelle et hostile aux nazis, face à Kaempffer, SS fanatique et carriériste. Ce dernier trouve finalement plus maléfique que lui, en une métaphore de la lente chute qui attend l’Allemagne d’Hitler dès la fin de l’année 1941. Si Wilson distille d’abord la terreur de façon subtile, l’apparition assez rapide de la créature tend à dissiper un mystère qui aurait sans doute gagné à demeurer davantage dans l’ombre. Cette relecture du mythe du vampire s’éloigne en effet des rivages indicibles des Grands Anciens, au profit d’une approche plus humaine, réaliste, du mal. Les révélations progressives ont beau mêler Faust, histoire secrète et une bonne dose de la thématique du champion éternel à la Moorcock, on sort du roman déçu par un potentiel finalement sous exploité.