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STAR TREK INTO DARKNESS
samedi 22 juin 2013, par ,
J. J. ABRAMS (1966-)
Etats-Unis, 2013
Chris Pine, Zachary Quinto, Dominic Cumberbatch, Alice Eve, Zoe Saldana, John Cho, Simon Pegg, Karl Urban & Peter Weller
Ça commence plutôt comme Indiana Jones : un type se rue hors d’un bâtiment, tenant un objet oblongue et poursuivi par des autochtones primitifs armés de flèches. Il apparaît rapidement que les membres de l’Enterprise ont entrepris de bafouer une sacro-sainte règle de Starfleet et interfèrent avec le développement d’une race et en bafouent une de plus en révélant leur vaisseau aux yeux de tous pour sauver l’un des leurs, étrangement calme la mort arrivant, avec pour conséquence la rétrogradation du commandant Kirk.
Le but de l’ouverture n’est pas tant d’introduire l’intrigue que le fil rouge psychologique : Spock est-il capable d’éprouver des sentiments ? Le scénario démarre véritablement lorsque Harrison, un membre de Starfleet, organise un attentat contre un dépôt d’archives avant de s’en prendre directement à la réunion d’état-major, tuant l’amiral Pike, traumatisme séminal pour Kirk, puis de se réfugier dans un secteur inhabité de l’empire klingon. Kirk se propose d’aller régler son compte au traître et se voit doter par l’amiral Marcus de plusieurs torpilles dernier cri, ce qui ne plait ni à M. Spock ni à Scotty. Seulement rien n’est tout à fait ce que l’on croit ou qui l’on croit dans cette première moitié de Star Trek Into Darkness, pas même la charmante blonde qui embarque comme officier scientifique adjoint.
Arrivé à ce stade, nous nous réjouissions plutôt d’être en présence d’un scénario tordu qui nous laissait espérer justifier l’affiche et son accroche à la résonance résolument apocalyptique. La révélation du nom réel d’Harrison a tempéré notre enthousiasme et rien ne l’a réchauffé ensuite, surtout pas la scène de destruction massive de San Francisco par l’écrasement d’un astronef en plein centre-ville, aux allures de
kamikaze du 11 septembre, car ses conséquences ne sont même pas évoquées dans la fin du film. Il faut dire que l’ancrage de Star Trek : Into Darkness dans la géopolitique contemporaine est relativement patent : avec Harrison, c’est à un partiel avatar de Ben Laden que nous avons affaire (comme lui, c’est une créature qui se retourne contre son protecteur initial), générant également une véritable chasse à l’homme ; quant à Marcus, il joue le rôle des faucons de la Maison Blanche, le film s’efforçant de rester fidèle à la morale pacifiste et humaniste de Gene Roddenberry.
Bien sûr nous comprenons bien que la production se soit sentie obligée de multiplier les références à Star Trek : caser quelques Klingons, au look actualisé, renouveler le clin d’œil à Leonard Nimoy, ressortir Khan, le méchant de l’épisode 25, 1ère saison, et coeur du deuxième film – un des meilleurs de la série de longs métrages, d’ailleurs. Cependant il faut remarquer que cela manque singulièrement d’originalité, même si Khan ne meurt pas dans le combat spatial contre l’Enterprise. La production et la communication du film auront beau jeu d’affirmer qu’étant donné que cette nouvelle série Star Trek est issue d’une divergence par rapport au monde d’origine, il fallait bien se dire que Khan existait quelque part, Star Trek Into Darkness n’en reste pas moins une copie de La colère de Khan. Quelle déception après Star Trek qui avait fait preuve d’une très belle originalité ! D’autant que le lien avec l’équipage original est renforcé via le destin de Kirk, qui n’est pas sans évoquer, en nettement plus accéléré, celui de Spock dans Star Trek III - A la recherche de Spock. La réparation du moteur de l’Enterprise laisse toutefois une impression de bricolage pour le moins surprenante en ce futur relativement éloigné, et l’utilisation persistante de l’énergie nucléaire en lieu et place d’énergies alternatives ne manque pas non plus de surprendre.
Après tout il n’était même pas besoin de multiplier les références pour faire plaisir aux fans, le propre de Star Trek n’est-il pas d’avoir déjà une forte identité reposant sur une équipe aux particularités bien établies qui empêche toute confusion avec une autre saga ? Sérieusement quand vous regardez Star Trek, vous avez l’impression de voir
n’importe quelle autre série ou film ? Pour comble, le scénario accouche d’une souris et une fois de plus l’affiche et son accroche relève du mensonger. On est d’autant plus étonné par ces réutilisations du patrimoine trekkien que le film se conclut par l’ouverture historique de la série originelle, comme un retour vers le passé davantage que le retour vers le futur que semblait pourtant annoncer le précédent métrage.
Nous reconnaissons quand même que le spectacle est visuellement très réussi, que les acteurs sont tous très bien dans leurs rôles, qu’ils nous livrent des échanges souvent savoureux (entre Mac Coy et Spock, entre autres), et qu’au final nous avons passé un bon moment de détente au cinéma. Mais quand nous pensons à Star Trek cela eut pu être tellement mieux...