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LA PLANETE DES TEMPÊTES
samedi 9 août 2014, par
Pavel KLOUCHANTSEV (1910-1999)
URSS, 1962, Планета бурь
Vladimir Yemelyanov, Georgiy Zhzhonov, Gennadi Vernov, Yuri Sarantsev, Georgi Tejkh, Kyunna Ignatova
C’est non sans une certaine horreur que les équipages de deux vaisseaux spatiaux soviétiques assistent à la destruction du troisième alors qu’ils touchaient à leur but, Vénus. La catastrophe remet en cause toute la mission puisque qu’il rend risqué un « avénissage » sans soutien suffisant au sol ou en orbite. Néanmoins, les 5 hommes et la femme prennent le risque et s’organisent en conséquence, mais les événements ne se déroulent pas au mieux : alors que la femme est restée en orbite, les deux équipes au sol sont séparées et doivent se rejoindre dans un milieu hostile mais à propos duquel ils acquièrent la certitude qu’une civilisation avancée y a vécu. Pourront-ils en repartir en ayant trouvé des réponses à leurs interrogations ?
Force est de constater que tout le cinéma soviétique n’est pas cinéma de propagande, y compris dans un genre comme la science-fiction qui s’y prête bien. Il n’y a rien dans cette Planète des tempêtes, pourtant réalisée en pleine coexistence pacifique, que l’on puisse interpréter comme un message politique affirmant la supériorité du modèle, à l’exception peut-être du fait que la conquête spatiale est soviétique, mais en 1962, après Spoutnik et Gagarine, qui n’aurait pas misé sur cette possibilité ? Il y a même un Américain, spécialiste de robotique - ce qui est déjà reconnaître une compétence pour l’autre superpuissance -, accompagné d’un robot qui pourrait bien être un hommage à Planète interdite sorti 6 ans auparavant. En tout cas, l’’Américain ne constitue absolument pas le traître de service, le poste n’étant pas pourvu, et s’avère tout juste particulièrement bourru.
Mieux, l’esthétique générale et certains choix scénaristiques sont très proches du cinéma américain de SF de l’époque, comme le recours à des dinosaures ou les plantes carnivores, mais l’esprit général en est très éloigné. Dans Planète des tempêtes, pas de demoiselle en détresse hurlante à secourir, pas de danger menaçant la Terre. Au contraire, bien que contrainte de rester en orbite non sans sexisme, Masha doit faire un choix difficile pour sauver ses camarades. Si l’esprit général du film a tout de même un caractère vieillot, évoquant l’exploration d’une quelconque Atlantide ou Le Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, il se veut aussi très introspectif et poétique donc très russe, les personnages passant d’une morosité résignée à un enthousiasme enfantin dans un jeu d’acteur très caractéristique du cinéma soviétique.
Sans être un chef d’oeuvre parce qu’il a mal vieilli, comme ses homologues américains, le film de Klouchantsev vaut bien ses derniers bien qu’il soit moins palpitant. Aussi aurait-il mérité, et ne serait-ce que par honnêteté, de se voir reconnu quand Roger Corman et Curtis Harrington lui vole des séquences entières pour réaliser leur Voyage sur la planète préhistorique !