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Vortex

samedi 9 mai 2015, par Maestro

Charles Robert WILSON (1953-)

Canada, 2011

Denoël,coll. "Lunes d’encre", 352 p.

Vortex conclut donc la trilogie entamée brillamment avec Spin, et poursuivi sur une même ligne qualitative dans Axis. Le mode de narration choisi pour ce dernier volet se révèle toutefois différent. Les chapitres alternent en effet entre deux trames temporelles. D’une part, celle des lendemains de la découverte d’Equatoria, monde accessible via l’Arc des Hypothétiques situé dans l’océan Indien, avec une intrigue située exclusivement sur Terre. D’autre part, dix mille ans plus tard, à bord d’un archipel artificiel nommé Vox, qui se retrouve lui aussi sur Terre, mais une planète totalement vidée de ses habitants humains. Pour la première ligne, les personnages principaux sont Sandra, une psychologue cherchant à évaluer si des individus en déshérence peuvent ou non bénéficier d’une prise en charge sociale ressemblant fort à un internement, et Bose, agent de police qui rencontre la première citée à l’occasion du transfert de Orrin Mather. Bose s’intéresse toutefois plus que de coutume au cas de cet individu, et communique à Sandra le contenu des carnets rédigés par cet Orrin, de prime abord limité sur le plan intellectuel.

Et c’est le contenu de ces carnets qui nous transporte très loin dans l’avenir, dans les corps d’un autre couple, formé par Turk Findley et Treya / Allison Pearl. Le premier n’est autre qu’un personnage d’Axis, ayant traversé avec une autre personne l’Arc temporel des Hypothétiques, et qui à son réveil, se retrouve récupéré par Treya, représentante de la cité-monde de Vox. L’humanité de ce lointain avenir semble en effet s’être cristallisée autour de deux systèmes antagoniques, démocraties corticales ou limbiques (sic), mais qui partagent l’idée de communauté dont les membres sont connectés entre eux. Sur Vox, c’est le ressenti et l’émotionnel qui prime sur la raison, une forme de communion que rompt Treya lorsqu’elle voit sa personnalité submergée par celle d’Allison Pearl, réplique d’une jeune femme des lendemains du Spin, aux caractéristiques implantées en Treya afin de lui permettre une meilleure communication avec Turk. Au cœur de la population de Vox, Turk et Allison découvrent l’envers du décor : un microcosme gouverné par le fanatisme religieux, qui n’hésite pas à éradiquer les populations extérieures (en l’occurrence celle des Fermiers, descendants de prisonniers chargés d’assurer l’approvisionnement de l’archipel). Vox ne cherche en effet qu’une chose : retrouver la trace des Hypothétiques afin de se fondre en eux et d’atteindre une forme de transcendance cosmique. Lorsque de retour sur Terre, des mécanismes hypothétiques sont détectés, la cité cherche à tout prix à les rejoindre, malgré les morts provoqués par une première prise de contact… Sandra et Bose, de leur côté, cherchent à sauver et à comprendre un Orrin au comportement de plus en plus étrange…

On l’aura compris, le propos de Vortex est de prime abord plus intimiste, resséré sur deux couples séparés par l’abîme du temps, et plus que des Hypothétiques, toujours aussi énigmatiques, c’est d’humanité dont il est question ici. Car par-delà un jeu sur les temps qui donne tout son sel au dénouement final, Robert Charles Wilson semble mettre en garde tout aussi bien contre le réchauffement climatique (dont les effets sont ici démultipliés en raison de l’exploitation des ressources fossiles d’Equatoria, scénario catastrophe qui perd quelque peu de sa crédibilité en raison de ce grossissement, justement) que contre un monde hyper-connecté. Les « démocraties » du futur qu’il imagine sont en effet, sous l’apparence d’un collectif plus fiable et plus empathique, de véritables repoussoirs, capables d’autant de violences et de folie que les sociétés du passé. Les personnages principaux que l’on suit tout au long du roman sont de la sorte des exemples de ce qu’il convient à toute force de conserver, des individualités affirmées et singulières, seules capables de rompre le conformisme et l’égoïsme, qu’il soit isolé ou grégaire. C’est seulement avec le chapitre final que nous quittons les détails du tableau pour admirer l’œuvre dans sa totalité, de manière sans doute un peu rapide, quant à la nature réelle des hypothétiques, considérations vertigineuses propres à cette hard SF à la Baxter.

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