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LA GUERRE DES ETOILES

Un nouvel espoir

mercredi 4 mai 2005, par von Bek

George LUCAS (1944-)

Etats-Unis, 1977, Star Wars

Mark Hamil (Luke Skywalker), Harrison Ford (Han Solo), Carrie Fisher (Leia), Alec Guinness (Obiwan Kenobi), Peter Cushing (Amiral Tarkin), Anthony Daniels (C3PO), Kenny Baker (R2D2), Peter Mayhew (Chewbacca) & David Prowse (Darth Vader)

Est-il encore possible aujourd’hui de faire la critique du premier film de la saga Star Wars ? Le développement de l’univers Star Wars est tel qu’il est difficile de remonter à la source, au premier épisode devenu par la force des choses 4e de la saga et rebaptisé pour les besoins Un nouvel espoir, titre qui n’aurait eu aucun sens même en 1980, lors de la sortie de L’Empire contre-attaque. Or avant d’être cet épisode IV, il y avait simplement La guerre des étoiles, un film auquel la 20th Century Fox avait peu cru faisant l’erreur de vendre ses droits au réalisateur, George Lucas, un film auquel le public avait bien voulu donner une chance et pour lequel l’engouement fut tel qu’il devint un mythe. Il ne s’agit donc pas d’essayer de reconstruire la fièvre créatrice qui présida à la naissance de La guerre des étoiles, mais bien d’essayer d’imaginer ce qu’aurait pu être cette critique, écrite en 1977. Gageure sans doute impossible à tenir, et certains diront même complètement inutile, d’autant plus que votre serviteur, trop jeune pour avoir vu le premier opus au cinéma, n’a fait connaissance avec la légende qu’en 1983 avec Le retour du Jedi.

Dans une galaxie très lointaine, un groupe de rebelles tente de s’opposer à une dictature impériale. Alors que la princesse Léia Organa fuit avec les plans de la nouvelle station orbitale de combat ennemie, l’Etoile Noire, elle est rattrapée par le bras droit de l’empereur : Dark Vador (ndlr : nous adopterons ici les noms français) mais parvient à dissimuler les plans dans un droïde avec mission de les apporter à un mystérieux Obiwan Kenobi. Echoués grâce à une navette de sauvetage sur la sableuse planète Tattoine, le droïde salvateur, R2D2, et son acolyte Z6PO (C3PO) font la connaissance d’un jeune fermier, apprenti pilote avide d’émotions fortes, Luke Skywalker avec lequel ils rejoignent Kenobi. Pourchassés par les troupes impériales, le groupe engage les services de Yan Solo (Han Solo) et de son coéquipier poilu Chewbacca. La fuite les fait tomber de Charybde en Scylla et les mène au coeur de la station de l’Etoile Noire. Ils en profiteront pour libérer la princesse mais Obiwan Kenobi est tué en combat singulier par l’infâme Dark Vador. Ayant ralliés la rebellion, Skywalker et ses amis parviennent à détruire la station spatiale in extremis.

Hâtivement résumé le synopsis de La guerre des étoiles tient plus du film de chevalerie que de la science-fiction : c’est du pur space-opera ! D’ailleurs, outre les références à la monarchie et la noblesse, l’univers qui naît alors comprend aussi un ordre de chevalerie, certes aux effectifs très réduits suites aux malversations impériales, chargé de faire régner la justice et la paix dans la galaxie. Cerise sur le gâteau de cette nouvelle mouture de la Table Ronde, l’arme des Jedi est un sabre laser qui fera fantasmer plus d’une génération. Chevalerie très syncrétique cependant, puisque ses membres pratiquent une spiritualité très empreinte d’orientalisme, qualifiée même de religion dans le film, vivant en symbiose avec la Force, un fluide qui nous entoure et nous penètre à en croire Obiwan Kenobi, le seul jedi survivant au demeurant. Il y a quelque part du Foudre Bénie dans cette histoire et les Jedi semblent du métal dont on coule un bonze.

Cependant sur cette trame chevaleresque vient se fixer une thématique politique qui renvoie directement à la lutte contre le totalitarisme par une résistance secrète, donc peu nombreuse, mais dynamique. Les costumes adoptés pour les officiers impériaux, le casque de Vador, réfèrent directement au nazime et à la Wehrmarcht. Dès lors, les petits groupes de rebelles et leurs chasseurs Aile-X (X-Wing) deviennent un substitut de la R.A.F. de la bataille d’Angleterre : "Never in the field of Human conflict, so much owed by so many to so few" (W. Churchill). Autant dire que tout le monde se retrouvera dans La guerre des étoiles d’autant plus que la planète Tatooine est l’image d’une autre référence de l’aventure : le Far West, dont l’esprit rétif à l’obéissance est incarné par l’insolo Solent... pardon, l’insolent Solo.

Avec un tel salmigondi culturel, pas étonnant que La guerre des étoiles ait connu un tel succès. N’importe qui trouvera dans le film un personnage auquel il pourra s’identifier et il fallait être un comptable de la Fox, le nez dans la caisse enregistreuse, pour ne pas voir la part de rêve ainsi véhiculé ! On ne saurait cependant attribuer le succès à ce seul aspect. et le soin apporté aux effets spéciaux a sans doute beaucoup contribué à soutenir le rêve. Les vaisseaux peuvent bien exploser dans le vide interstellaire comme s’il y avait de l’air, cette incohérence scientifique ne nuira en rien et même joue à plein pour le succès, avec les lasers et leurs sifflements et toute une création d’appareils ayant réellement l’air de voler dans l’espace. On n’avait pas vu une telle qualité depuis 2001, odyssée de l’espace en 1968, et encore, car le film de Kubrick n’a guère de quoi affoler le palpitant. Telle est la magie Star Wars, une somme d’ingrédients soigneusement mélangés sur lesquels vient se greffer la musique extraordinaire de John Williams, une autre composante essentielle. Par la suite, chaque ingrédient de la recette comptera pour la marque de fabrique, jusqu’à la fanfare de la 20th.

Quittons 1977 et transportons-nous en 1997, lors de la sortie sur grand écran, d’une Guerre des étoiles édition spéciale, prélude à la nouvelle trilogie qui débarque en 1999. Fondamentalement les changements sont mineurs mais appréciables : remasterisation du son, ajout de nouvelles images de synthèse pour enrichir les univers visités, etc... Le seul changement reprochable consiste en la scène de la visite de Jabba the Hutt au hangar du Faucon Millenium. Tournée en 1977, cette scène ne figure pas au film d’origine en raison de la complexité d’incorporation de Jabba, créature gastéropodique. Or ce rajout brise l’image de puissance mystérieuse de Jabba, forgée au fil des épisodes IV, V et VI. Ici Jabba apparaît petit, ridicule car il se fait marcher sur la queue, et faible. On ne comprend d’ailleurs pas bien pourquoi il ne s’en prend pas à Solo alors que les autres chasseurs de prime, comme Greedo que Solo a refroidi dans la Cantina, n’hésitent pas à user de leurs armes. L’espoir ténu d’être remboursé ?

Passons, l’édition spéciale a le mérite de relancer le mythe pour une nouvelle génération, préparant le terrain de La menace fantôme. Que la force soit avec vous !

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