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Les 40 signes de la pluie

Bouddha sauvé des eaux

samedi 19 avril 2008, par von Bek

Kim Stanley ROBINSON (1952-)

Etats-Unis, 2004, Forty Signs of Rain

Que Kim Stanley Robinson soit un auteur engagé n’est pas nouveau. Il ne manque jamais de développer dans ces romans des thématiques politiques ou polémiques, comme la condamnation de la politique américaine dans Le rivage oublié. Certes ses opinions reflètent le monde dans lequel il a grandi, celui des années soixante, de la guerre du Vietnam, de la guerre froide, d’où une certaine sensibilité au communautarisme ou à l’écologie. C’est vers cette dernière, on ne peut plus d’actualité, que se tourne sa nouvelle trilogie ouverte par Les quarante signes de la pluie, mais dont rétrospectivement un prélude peut être vu dans S.O.S. Antarctica.

C’est d’ailleurs pour le sénateur Phil Chase, le patron de Wade Norton dans S.O.S. Antarctica, que travaille Charlie Quibler tout en jouant les pères au foyer. Il doit préparer des projets de loi visant à faire mener par les Etats-Unis une politique de réduction d’émission du CO2. Car la catastrophe approche ! Chaque été est plus chaud à Washington et, alors que dans l’Antarctique la barrière de Ross se délite, le niveau des océans monte, menaçant pays littoraux et insulaires comme le Khembalung, une île du golfe du Bengale où des moines bouddhistes tibétains ont élu domicile. Devenu un Etat indépendant, le Khembalung ouvre une ambassade dans la capitale américaine dans le même bâtiment que la National Science Fondation où travaille Anna Quibler, la femme de Charlie, et son collègue Frank Vanderwal, détaché de l’Université de Californie, San Diego. Ce dernier aspire d’ailleurs à y retourner pour reprendre son travail de chercheur et de consultant auprès de la firme Torrey Pines Generiques et le surf. C’est compter sans les moines de Khembalung.

Etrange roman qui est comme la vie, parade et s’agite et qui ne signifie rien. Car il n’y a pas d’histoire réelle dans les Quarante signes de la pluie sauf un avertissement devant un danger imminent, au point que le livre oscille entre anticipation et littérature générale, et un appel lancé au changement, utopique, idéaliste, et, qui avec ses petits moines bouddhistes, fleure un peu le hippie attardé, d’autant que leur île (fictive) porte le nom d’une vallée perdue de l’Himalaya susceptible d’abriter la mythique Shangri-La, n’eut été le scientisme érigé en fondement social par nos chercheurs de la NSF. Rien si ce n’est l’esquisse de la révolution martienne sur Terre.

Et pourtant. Le livre se dévore grâce à un style et une technique qui ressemblent de plus en plus aux techno-thrillers de Michael Crichton. Tout ça comme si le lecteur attendait quelque chose, à commencer par la pluie qui seule finit par arriver. Le roman s’achève en laissant plein de situations en suspens : une maison sur une falaise ébranlée à San Diego ; une inconnue pelotée dans un ascenseur ; un procédé génétique d’accélération de la croissance des végétaux. En somme, ces Quarante signes de la pluie ne sont que les prodromes d’autres évènements que l’on espère advenus dans 50° au-dessous de zéro, sans savoir ce en quoi ils consistent. Vivement la suite.

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