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WONDER WOMAN
dimanche 20 mai 2018, par
Patty JENKINS (1971-)
Etats-Unis, 2017
Avec Gal Gadot, Chris Pine, Connie Nielsen, Robin Wright, David Thewlis, Danny Huston.
On sait l’écurie DC Comics devancé au cinéma par son rival de toujours, Marvel. Bien que les franchises Superman puis Batman aient connu des succès inégaux mais répétés au cinéma, la multiplication des adaptations de personnages de Marvel depuis les années 2000 a nettement occupé le terrain, face à DC qui ne parvenait guère à trouver d’alter-égo convaincant à ses deux héros emblématiques. Le film Wonder Woman vise donc à pallier cette faiblesse, le souvenir de la série télévisée des années 1970 n’étant partagé que par un public s’éloignant inexorablement de sa jeunesse…
Tout débute sur la terre des Amazones, une île protégée du reste du monde et de la vindicte de leur ennemi juré. Jusqu’au jour où Diana, la fille de la reine des Amazones, découvre ses pouvoirs hors du commun, dans le même temps où un humain parvient à pénétrer le bouclier protecteur. Il s’agit de Steve Trevor, un espion étatsunien, qui après avoir réussi à découvrir les plans secrets des Allemands – la confection de nouvelles armes dans l’empire ottoman grâce au Docteur Poison – s’est enfui et échoué sur l’île des Amazones. Diana, contre l’avis de ses paires, décide alors de l’aider à repartir, afin de débusquer Arès, le vaincre et mettre ainsi fin à la Première Guerre mondiale. Mais convaincre les supérieurs de Steve de l’urgence d’une intervention dirigée contre les plans allemands de nouvelle arme chimique s’avère plus difficile que prévu, et c’est en quasi autonomie, avec une petite équipe assez improbable (un Ottoman, un Amérindien et un tireur d’élite qui n’ose plus tirer), que Steve et Diana partent pour la Belgique occupée.
L’excellente idée de Wonder Woman, réalisé par Patty Jenkins, surtout connue pour son film Monster, c’est d’avoir placé l’intrigue de ce (premier ?) film en pleine Première Guerre mondiale, constituant d’une certaine manière un pendant au volet inaugural de Captain America (même si le rôle de méchants dévolu aux Allemands est un peu trop facile, le statut de Lundendorff comme personnage secondaire discutable, et le nombre de 25 millions de morts plus qu’excessif !). Les scènes de combat sont d’ailleurs particulièrement réussies : de celle, incroyable, entre des Amazones armées d’arcs et de flèches face aux troupes allemandes ; de la première incursion de Diana à travers le no man’s land, qui se fait attendre mais mérite le détour ; et plus généralement des exploits de cette dernière, bien mis en valeur par une bonne utilisation du ralenti. Il faut dire que le choix de l’actrice incarnant Wonder Woman joue également beaucoup dans la réussite du film, tant Gal Gadot allie stature et charme.
Le contraste entre la mentalité de Diana l’Amazone et la vie moderne du début de XXe siècle, entre Diana et Steve, et l’affirmation de l’égalité, sinon de la supériorité de la femme qu’elle représente dans un monde dirigé exclusivement par les hommes, constitue également une source d’humour et de second degré bien agréable. On restera par contre plus dubitatif sur l’interprétation très libre qui est faite de la mythologie grecque, une relecture profondément chrétienne, dans laquelle le couple Zeus / Arès évoque Dieu / Lucifer… Plus intéressante est l’idée de responsabilité pseudo collective de la Première Guerre mondiale, reflet en la personne d’Arès de l’opinion de certains courants écologistes sur la responsabilité de l’espèce humaine dans la crise climatique actuelle, au détriment d’une culpabilité plus ciblée… mais que Diana évite au profit d’une ode à l’amour particulièrement naïve. Il n’empêche, le spectacle mérite le détour.