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HUGO CABRET

samedi 12 avril 2014, par Maestro

Martin SCORCESE (1942-)

Etats-Unis, 2011

Asa Butterfield, Chloe Grace Moretz, Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen

Avant toute chose, il convient d’apporter une précision d’importance quant à la suite de la critique d’Hugo Cabret : ce long métrage est avant tout destiné à un jeune public, l’adolescence en étant certainement la limite haute. Cela n’empêche pas, bien sûr, des adultes d’apprécier le film, mais bien des éléments pourront leur paraître énormes, naïfs ou ridicules, au choix. C’est particulièrement le cas de l’humour, ou bien sûr du rôle essentiel joué par deux enfants, Isabelle et le dit Hugo.

Ce dernier est un orphelin qui, formé par un oncle désormais disparu, doit assurer le bon fonctionnement de toutes les horloges de la gare d’Orsay. Vivant de menus larcins, il est un jour pris en flagrant délit par le propriétaire d’une boutique de confiseries et de jouets. Le vieil homme lui confisque alors un carnet qu’il tient de son père, destiné à terminer la réparation d’un vieil automate. Hugo va dès lors tout faire pour récupérer le précieux objet, nouant par là des liens d’amitié avec Isabelle, la fille adoptive du vieil homme et de son épouse. Une fois l’automate capable de fonctionner de nouveau, Hugo et Isabelle découvrent qu’il est capable de dessiner une image emblématique du Voyage dans la Lune de George Méliès, un film qu’en ces années 1930, on croit disparu…

L’image donnée de la France n’évite pas toujours la caricature, adoptant certains clichés chers aux Etats-Unis (les croissants, l’accordéon, le costume bleu vif de l’inspecteur). Malgré tout, Hugo Cabret est un très bel hommage visuel aux débuts du cinéma, que ce soit par le cœur de son intrigue, les extraits de vieux films diffusés ou même des clins d’œil plus subtil (les situations très visuelles dont est victime l’inspecteur de la gare, les plongées de la caméra à travers des décors volontairement imparfaits, Hugo pendu aux aiguilles d’une grande horloge…). Un coup de chapeau d’autant plus nécessaire aujourd’hui, à l’heure où les progrès de l’imagerie numérique donnent l’impression de rendre totalement dépassés les films antérieurs aux années 1990, sans parler bien sûr de l’époque du noir et blanc et du muet… Alors quand il s’agit des deux cumulés ! Scorcese s’est par ailleurs efforcé, en adaptant le roman de Brian Selznick, de rester fidèle aux grands axes de la carrière de George Méliès. Seule exception notable : faire de la Première Guerre mondiale la cause de sa chute, ce qui simplifie à l’excès un enchaînement de faits, parmi lesquels des difficultés commerciales antérieures…

Il y a indéniablement de l’esprit steampunk dans Hugo Cabret (la place cruciale des engrenages, métaphore transparente de la société industrielle), et on pourrait aller jusqu’à parler à son égard de métrage merveilleux scientifique (les diverses affiches visibles, de Judex ou de Fantômas, nous font basculer dans les univers des Compagnons de l’ombre !). Pénétrer les coulisses des tournages de Méliès, et en couleurs s’il vous plaît, tels qu’ils avaient été colorisés à l’époque, est un véritable enchantement, et valorise d’autant l’artisanat d’antan, une époque finalement non encore pénétrée en profondeur par la technoscience et la fabrication à la chaîne, en partie déshumanisée. Une interprétation qui est renforcée par le rôle joué par l’automate, fortement évocateur de ceux conçus par Pierre Jacquet Droz au XVIIIe siècle, « L’écrivain » et « Le dessinateur », ou par les jouets que Méliès s’efforce de réparer. En dépit d’un scénario un peu trop simple et de certaines longueurs, Hugo Cabret est donc un bel hommage à la magie du cinéma et à son histoire, une nostalgie qui est tout sauf une impasse artistique.

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