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Graine de France
samedi 14 mars 2015, par
Geoff CUSH (1956-)
Nouvelle-Zélande, 2002
Actes Sud, 2004, 301 p.
Officier de la colo, comprendre l’armée coloniale française, Verdier goûte le plaisir d’être en poste en Nouvelle-Zélande après avoir participé à la guerre du Riff au Maroc. L’alcool, les femmes - parfois celles des autres - l’occupe à la Nouvelle-Lyon jusqu’à ce que le nouveau gouverneur se mette en tête de l’avoir à son service en commençant par l’envoyer chercher sa voiture sur l’île du Nord pour la ramener au Sud. Las le maladroit se fait tirer la caisse lors d’une nuit d’hôtel et s’enfonce à sa recherche dans une réserve maorie. Faute de retrouver la voiture, ses moeurs déjà pas très vaillants se dissolvent dans le quotidien des indigènes, dans les vapeurs d’absinthe et du cannabis, entre les seins de Marama, mais la douceur de vivre qui rend supportable la honte de la désertion ne doit pas faire oublier que la culture maori, c’est aussi Titoko qui a refusé la religion des blancs et que sa communauté a rejeté à cause de sa violence.
Ne nous y trompons pas, l’objectif de Geoffrey Cush n’était pas de dénoncer la colonisation britannique pour rêver à ce qu’aurait apporté la colonisation française à la Nouvelle-Zélande, même s’il oppose l’approche britannique des indigènes à celle des Français. C’est surtout à une critique de la colonisation en général que se livre l’auteur en dénonçant particulièrement les perturbations qu’elle engendre dans les vies quotidiennes des autochtones, qui y perdent leurs racines culturelles sans y gagner de nouvelles.
Au final, si les échanges de piques entre Anglais et Français à l’occasion de la visite de Verdier à Wellington, port franc et enclave britannique, amusent, tout comme la vision de la colonisation made by France, dès l’arrivée de Verdier dans la réserve, le lecteur se dissout aussi dans les brumes des pages. L’auteur a-t-il voulu dire que le colonisateur se perdait aussi ? Sans doute pas. Pourtant Verdier, en dépit de ce qu’il pense, n’a pas l’air heureux chez les Maoris et ça ne lui réussira pas...
