Silo origines

Hugh HOWEY (1975-)

Etats-Unis, Shift, 2013

Actes Sud, coll. "Exofictions", 2014, 576 p.

Comme son nom l’indique, Silo Origines s’intéresse à la genèse du monde clos décrit dans le premier roman de ce qui est destiné à devenir une trilogie. Le livre s’articule en trois parties bien distinctes. « Première Faction. L’Héritage » alterne entre deux lignes narratives. L’une d’entre elles suit Donald Deene, jeune député démocrate élu en 2049, qui, débiteur du sénateur Thurman (un clin d’œil à Truman et à son choix d’utiliser la bombe atomique ?), se retrouve embarqué dans le projet de ce dernier, rien moins que la construction des futurs silos. L’autre ligne prend place une cinquantaine d’années plus tard, lorsque Troy, haut responsable du silo 1, doit assurer une veille de six mois afin de superviser le bon ordre des autres silos. Non seulement c’est le moment choisi par la population d’un des silos pour se révolter et sortir à l’extérieur, mais Troy s’ingénie également à ne pas prendre son traitement médicamenteux, censé pourtant lui procurer un effacement complet des souvenirs de sa vie d’avant…

La respiration entre ces deux histoires se révèle très positive, gage d’une lecture prenante, même si le sort de Troy nous préoccupe davantage que celui de Donald. Il faut dire que le proche avenir décrit par Hugh Howey manque cruellement d’approfondissements, aussi bien géopolitiques (l’Iran et la Corée -du nord- sont toujours les ennemis de l’Amérique), scientifiques (le sujet des nanotechnologies est abordé de manière un peu trop superficielle) que de simple vie quotidienne (seules des voitures plus sécurisées nous sont rapidement présentées). On a également du mal à adhérer au projet d’une annihilation complète de l’humanité afin d’anticiper sur une éventuelle attaque nano des adversaires de l’Oncle Sam (il aurait à la rigueur été envisageable de mettre à l’abri un échantillon de population sans pour autant lancer une attaque généralisée préventive).

La seconde partie du roman, « Seconde Faction. L’Ordre », reprend la même division en deux intrigues distinctes, mais liées cette fois par leur identité temporelle. Nous retrouvons ainsi Troy, qui est réveillé un siècle plus tard, afin de faire face à l’effondrement d’un nombre croissant de silos. Il va alors en apprendre davantage sur le sort de ses proches (un thème pourtant négligé, en particulier sur sa femme, que l’on aurait apprécié de suivre plus en détails) et sur les coulisses de l’expérience, en étant confrontés à ses véritables têtes pensantes. Parallèlement, la vie dans le silo 18 est présentée via celle de Mission, un jeune porteur qui, confronté à la déliquescence de sa communauté, divisée en groupes de plus en plus repliés sur eux-mêmes, va aller de surprise en surprise, subir plus qu’agir sur la procédure dite de « réinitialisation » du silo, pour une chute comme on les aime, frappante (nous éclairant de surcroît sur la filiation d’un des tous premiers personnages du précédent roman).

Quant à la dernière partie, « Troisième Faction. Le Pacte », elle se situe en parallèle des événements décrits dans le premier Silo, centré toutefois sur le 18ème du nom (vous suivez ?). C’est donc par les yeux d’un pseudo Thurman, « berger » du silo 1, que nous découvrons l’affaire Juliette, dans le même temps où disparition et révélation s’enchaînent. C’est la trame la plus intéressante, car l’autre suit un des personnages de Silo, cet adolescent permanent découvert par Juliette dans les restes du silo 17, et les redites sont alors fréquentes. Comme pour le premier roman, Silo Origines se lit bien, très bien même, mais en centrant son propos sur certains personnages, leur ressenti, leurs doutes, leurs épreuves, il laisse parfois en partie l’impression de n’appartenir à la science-fiction que par son décor de fond… Les révélations demeurent en effet limitées (quid du silo 40 ?), et ce sont essentiellement les réflexions et relations des principaux protagonistes qui nous sont exposées, Donald, surtout, son ex Anna, également fille du sénateur Thurman,