SEUL SUR MARS

Ridley SCOTT (1937-)

Etats-Unis, 2015, The Martian

Avec Matt Damon, Jessica Chastain, Jeff Daniels, Chiwetel Ejiofor, Sean Bean.

De Mars au cinéma, nous avions gardé un souvenir mitigé des deux derniers films ayant pris cette voisine de la Terre comme héroïne : le Mission To Mars de Brian de Palma, malgré de bonnes intentions, se terminait sur un mode très naïf, tandis que son rival, Planète rouge, d’Anthony Hoffman, accouchait d’une souris malformée. Certes, il y eut également les Ghosts of Mars de John Carpenter, mais Mars ne servait ici que de déclinaison du genre western. Seul sur Mars, pour sa part, adaptation d’un roman d’Andy Weir, joue la carte du réalisme et de la hard SF, à l’image du récent Gravity. Une expédition martienne est contrainte, suite à une tempête plus puissante que prévue, de réembarquer en catastrophe afin de rejoindre son vaisseau en orbite, l’Hermès. Hélas, un des membres de la mission, le botaniste Mark Watney (Matt Damon), est séparé des autres et laissé pour mort par le capitaine Lewis (Jessica Chastain). Il va dès lors devoir survivre grâce à l’infrastructure demeurée sur place, pendant que sur Terre, la Nasa s’efforce de trouver une solution pour lui venir en aide. Après avoir essayé de lancer un cargo chargé d’approvisionnement et destiné à s’écraser sur Mars, l’agence spatiale américaine va faire cause commune avec la Chine afin que l’Hermès puisse repartir pour récupérer Mark Watney.

Si une chose est sûre avec ce film, c’est la redoutable efficacité de son scénario, car il évite tout ennui. Certes, initialement, le sort de Mark Watney peut évoquer un Robinson Crusoé de l’espace, et les développements techniques sur les méthodes qu’il met en œuvre pour survivre dans ce milieu hostile sont souvent ardus, mais la restauration des communications avec la Terre permet au naufragé d’être épaulé par les meilleurs spécialistes qui soient. Le film alterne alors habilement entre situation de Mark sur Mars, gérant au mieux son stock de nourriture et les aléas de sa vie de colon (fort limités, heureusement pour lui), et situation sur Terre, avec tous les efforts déployés pour le récupérer aussi rapidement que possible. Une course contre la montre servie par un casting talentueux, une réalisation nerveuse et des paysages martiens dont la beauté et la profondeur sont renforcés par l’effet 3D. Alors bien sûr, demeurent malgré tout quelques invraisemblances (surtout les derniers rebondissements de la récupération de Mark Watney), mais en dépit de son caractère extrêmement bien ficelé, Seul sur Mars se permet de nombreuses touches d’humour, qui l’empêchent de se prendre totalement au sérieux, et en font un divertissement fort réussi.

Après Interstellar, qui mettait également en vedette Matt Damon et Jessica Chastain, Seul sur Mars confirme également que « l’Amérique est de retour » dans l’espace, tout au moins sur grand écran. Car à l’instar d’Apollo 13, par exemple, c’est bien la conquête spatiale qui est ici exaltée, elle qui met au premier plan de ses valeur la fraternité et la coopération. Nulle surprise, donc, de voir que les dirigeants de la Nasa, mais également les différentes équipes (communication, élaboration des véhicules, jusqu’à un geek génial) sont respectivement mis en valeur par le scénario, tant cette grande famille, unie dans un but commun, fait la fierté des Etats-Unis. Cette dimension d’éloge national est en effet aussi une des caractéristiques du film, quand bien même la coopération avec la Chine (qui évoque les moments de coopération URSS-Etats-Unis durant la guerre froide) et la communion médiatique de toute la population mondiale pour suivre les derniers instants de la mission de récupération s’efforcent de valoriser l’universalisme de l’aventure spatiale.