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Jardin d’hiver
dimanche 25 septembre 2016, par
Olivier PAQUET (1973-)
France, 2016
L’Atalante, coll. "La Dentelle du cygne", 400 p.
Dans une Europe du XXIe siècle peut être proche dans le temps mais très éloignée dans la technologie, Olivier Paquet imagine une guerre sans fin entre les partisans de la technologie et les écologistes, tout espoir de paix ruiné par le "crime du siècle". Un vaisseau de contrebandier qui navigue entre les deux camps récupère un soldat amnésique du camp des ingénieurs dont l’unité d’élite a été anéantie de manière incompréhensible et, à l’instigation de la botaniste du bord, entreprend d’éclaircir le mystère.
Dans ce 6e roman, la créativité d’Olivier Paquet manifeste toute sa fertilité. Il invente une toute nouvelle géopolitique de l’Europe soumise au réchauffement climatique d’où a disparu le découpage étatique qu’on lui connait actuellement au profit d’une entité politique aux frontières vagues - le Consortium - avec Mégapole pour capitale c’est-à-dire un Paris très très étendu dont la population vit paisiblement en dépit du conflit qui perdure et ce grâce à la supériorité technologique de ses troupes en partie guidées par une intelligence artificielle au bord de la singularité et accompagnées de robots animaux personnels (les daemons) qui sont autant d’armes. Le camp d’en face, la coopération des écologistes, est un amalgame de factions désunies basées dans un vaste arc de cercle allant de la Suède aux Balkans, et qui a élevé la botanique au rang de technologie puisqu’ils ont transformé arbres et fleurs en armes mortelles. En arrière plan de ce conflit repose le très traditionnel questionnement quant aux dangers de la technologie et de la science qu’ils soient pour l’environnement ou pour l’humanité qui risque d’y perdre son indépendance - c’est le motif de la suspicion envers Sublime, l’IA du consortium. Ce questionnement Olivier Paquet parvient cependant à l’envisager de manière subtile même si le camp écologique qu’il met en scène a des côtés très barbares.
Franchement, il y avait matière à écrire un roman plantureux ou même plusieurs. D’aucun pourrait voir dans la relative brièveté de Jardin d’hiver (400 pages, cela reste une taille moyenne) un talent supplémentaire d’un auteur qui n’en manque pas. Pourtant Olivier Paquet abuse quelque part de la simplification. Il aurait fallu de la hard science fiction pour donner de la crédibilité à toutes ces technologies quand le manque d’explication les rend peu crédibles - notamment les armes végétales - voire les fait passer pour des jouets inspirés des mangas japonais. C’est particulièrement flagrant avec Jardin d’hiver, l’arme secrète du consortium.
Mais la simplification devient insupportable dans les rapports humains qui compliquent inutilement une histoire qui l’était bien assez et confond machiavélisme et soap opera. Je pèse mes mots mais que dire d’autres à propos de l’histoire d’amour forcément mièvre qui émerge brutalement entre les enfants respectifs d’un autre amour impossible. On se croirait dans une comédie de Molière, le talent en moins.
En dépit de ses scènes d’action, sans parler du massacre final incompréhensible par rapport aux désirs des personnages, Jardin d’hiver donne l’impression de ne pas avancer, à tourner autour du pot ou plutôt du mystère Jardin d’hiver dont la révélation tient du dessin animé de mecha japonais, mais peut-être plutôt à cause d’un style soporifique qui n’en a pourtant pas l’air mais y réussit tout le temps de la lecture du roman.