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LA STRATEGIE ENDER

lundi 8 mai 2017, par Maestro

Gavin HOOD (1963-)

Etats-Unis, 2013

Avec Asa Butterfield, Harrison Ford, Ben Kingsley, Abigail Breslin, Brandon Soo Hoo, Hailee Steinfeld.

La Stratégie Ender, c’est d’abord un livre, le plus connu de son auteur, le mormon Orson Scott Card, qui, partant au départ d’une nouvelle, a construit par la suite un véritable cycle. Il y a avait donc a priori peu de prise de risque, pourrait-on penser, dans le projet de l’adapter pour le cinéma. A l’écrit, en effet, le roman est efficace, prenant et même puissant. Gavin Hood a d’ailleurs choisi de privilégier la fidélité par rapport au livre, incluant également des éléments de La Stratégie de l’ombre (proposant l’histoire de l’initiation d’Ender vue par son camarade Bean).

Ender, alias d’Andrew Wiggin, est donc le benjamin de sa fratrie, et là où son frère et sa sœur n’ont pu franchir les épreuves, lui parvient à intégrer la prestigieuse école militaire du colonel Graff, située en orbite. Sur cette Terre du futur, en effet, l’humanité est en guerre contre une espèce extra-terrestre, les Doryphores. Elle est parvenue à éviter l’anéantissement grâce au sacrifice d’un pilote légendaire, Mazer Rackham. Désormais, ce sont des enfants qui sont formés afin de mener l’offensive, puisqu’ils sont censés, grâce aux jeux vidéo, disposer de compétences supérieures à celles des adultes (une explication non seulement bien courte, mais dont on appréciera le caractère conformiste, loin de toute réflexion sur l’usage immodéré des écrans). Ender, dont les potentialités supérieures intéressent tout particulièrement le colonel, est isolé de ses condisciples, afin de le pousser au maximum de son potentiel. Intégré dans la meilleure armée, tout en étant soumis à un chef autoritaire et injuste, il devient ensuite le responsable de sa propre troupe, ce qui lui permet d’être affecté sur le front.

Si le scénario présente parfois quelques adaptations discutables, à commencer par le vieillissement d’Ender (l’âge du roman aurait pourtant accentué la dimension choquante de l’emploi d’enfants à usage militaire), les raisons de l’impression mitigée suscitée de prime abord par le film sont ailleurs. Passons sur l’aspect profondément caricatural de la formation militaire délivrée aux enfants, évoquant un Starship Troopers sans l’ironie, pour nous concentrer sur ce qui fait défaut : un véritable souffle, et une profondeur psychologique que dans les meilleurs moments, le long métrage ne fait que frôler. Le déroulement des événements semble par ailleurs bien trop mécanique, et certaines scènes, qui auraient pu devenir fantastiques, pêchent par un manque d’audace ou de lisibilité (c’est particulièrement le cas pour les entraînements en salle d’apesanteur, manquant cruellement d’enthousiasme).

Il faut attendre la seconde partie du film pour atteindre une qualité nettement supérieure. Installé sur une planète, ancienne colonie des Doryphores, Ender multiplie les simulations de bataille, sous la houlette d’un instructeur bien particulier… C’est là que l’enjeu prend toute sa dimension, toute son ampleur. Car c’est bien d’une guerre d’extermination qu’il s’agit, contre une espèce cherchant avant tout à assurer sa pérennité, et dont on va faire porter le fardeau par un enfant. Visuellement, ce space opéra militaire ne manque pas de séduction, et si son dénouement s’inscrit dans un propos relativement prévisible, celui d’un dialogue et d’une ouverture à l’altérité, de la guerre à la paix par le biais de l’empathie, il n’en demeure pas moins appréciable en une époque de bellicisme renouvelé.

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