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WOODY ET LES ROBOTS

Les aventures de M. Monroe au XXIIe siècle

mardi 23 décembre 2003, par von Bek

Woody ALLEN (1935-)

Etats-Unis, 1973, Sleeper

Woody Allen, Diane Keaton

En 1973, Miles Monroe - qui n’a physiquement rien à voir avec le président du même nom, et encore moins avec Marilyn -, petit propriétaire d’un restaurant macrobiotique de Greenwich Village et clarinettiste de ragtime à ses heures perdues, est hospitalisé pour soigner un ulcère. Une complication dans l’intervention le fait sombrer dans un comas profond et les médecins impuissants décident de le congeler en attendant que la médecine puisse, elle, faire quelque chose pour lui. En dépit de toutes les dates de péremption des produits surgelés, Miles n’est dégelé qu’en 2173 par une équipe de scientifiques nostalgiques de la belle époque de liberté qu’était le XXe siècle. Et pour cause, à la suite d’un conflit nucléaire déclenché par le ministère de l’éducation nationale, le monde est devenue une société policière vivant dans le plaisir, servie par des robots, sous l’égide d’un leader. " L’opium est la religion du peuple " aurait dit K. Marx d’une telle société, mais plus personne ne connaît Marx à l’exception d’une poignée de résistants qui préparent dans la violence la révolution libératrice et l’avènement d’une nouvelle dictature. Inconnu des services de police, Miles Monroe devient le seul individu susceptible de mettre un terme à la dictature du Grand Leader.

Avec son humour et son autodérision caractéristiques, Woody Allen orchestre sans panache une critique de la société contemporaine et de son opposition révolutionnaire par la même occasion. La S.F. apparaît plus ici comme un moyen de se moquer, que comme une fin en soi, ainsi cette extrapolation technologique que constitue l’orgasmotron... pas besoin de vous faire un dessin ! Voiture électrique en forme de bulle, mobilier et architecture dans la droite ligne des années 70 constituent la vision futuriste de Woody et les robots. De même, la couleur blanche joue un grand rôle dans la froide décoration de cette époque.

Paradoxalement, la musique du film, composée et interprétée par Woody Allen et son orchestre en personne, repose entièrement sur le ragtime, soit du jazz de piano mécanique de saloon, qui ne correspond pas, mais pas du tout, à l’esthétique de 2173, mais, à l’instar des films d’Harold Loyd ou de Buster Keaton, aspire à renforcer le côté comique des tribulations de Luna (Diane Keaton) et Miles.

Cependant, rien n’y fait ni les clowneries de Woody, ni ses répliques fameuses, qui n’avaient pas encore acquis leur mordant à cette époque - je parle de 1973, bien sûr -, et, passé le réveil de Miles et ses commentaires sur les photos des personnalités du XXe siècle, on se laisse gentiment conduire vers la fin, sans réellement se passionner et en essayant de supporter le jeu clownesque des acteurs, Diane Keaton en tête.

Ajoutons que, pour ne pas changer, la traduction du titre est inadaptée et ne se justifie que parce que Miles se déguise en robot pour échapper à la police : Les aventures de M. Monroe au XXIIe siècle, en référence à Buck Rogers, cet autre voyageur temporel en barquette surgelée, eut été mieux adapté... et encore !

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