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JASON ET LES ARGONAUTES (1963)
samedi 26 octobre 2013, par
Don CHAFFEY (1917-1990)
Grande-Bretagne, 1963, Jason and the Argonauts
Todd Armstrong, Honor Blackman, Gary Raymond, Nancy Kovack, Laurence Naismith, Niall MacGinnis
Pour délivrer son père, déchu de son trône par son frère Pélias, Jason se laisse tromper par ce dernier qui le convainc de lui ramener la Toison d’Or, dépouille d’un cadeau divin. Pas chien, Pelias lui fournit un navire construit par le renommé Argos et le laisse engager un équipage. Jason sélectionne ses argonautes, parmi lesquels figurent Hercule (la production a dû estimer que personne ne connaîtrait Héraclès) mais aussi Acaste, fils de Pélias, qui sous couvert de désaccord avec son père, a pour mission de s’emparer de la toison. Protégé par la déesse Héra en pleine querelle matrimoniale avec son divin époux, Jason et ses Argonautes affrontent de multiples périls au fil de leur pérégrination avant de rencontrer la princesse Médée, fille de Eétès, roi de Colchide et détenteur de la toison.
Il existe sans doute de multiples versions de ce fameux mythe grec. Le cinéma respecte ici les principales étapes : le départ précoce d’Héraclès, le devin Phineas harcelé par les harpyes qui indique aux Argonautes le chemin à suivre, les roches, la trahison de Médée, le dragon gardien et les dents semées dont naissent des guerriers qu’il faut à Jason combattre. Seule la première dérive un peu en faisant rencontrer aux Argonautes le géant d’airain Talos, échappé par la grâce des scénaristes du mythe de Thésée (lequel est souvent considéré comme un Argonaute).
Cet emprunt s’explique aisément par le point fort du film : le recours aux excellents trucages du magicien Harryhausen qui donne vie à Talos, aux harpyes et surtout, dans une scène aussi mythique que la source d’inspiration, aux squelettes nés des dents semées. Le duel entre eux et Jason ne dure que quelques minutes, mais est impressionnant de qualité en terme d’effets spéciaux, notamment pour 1963 et bien plus que Talos ou les harpies, il faut bien le dire.
Malheureusement, pour moi, tout le talent de Harryhausen n’a pas suffit pas à faire de ce Jason et les Argonautes un chef d’oeuvre européen capable de concurrencer les grandes productions hollywoodiennes de l’époque, y compris dans le domaine du peplum. C’est dommage, car il y avait un créneau à prendre comme disait Jeanne d’Arc au siège d’Orléans, Hollywood ne s’étant alors pas vraiment penché sur les mythes grecs comme source de scénario et leur préférant la Bible et Rome (Les Dix commandements, Quo Vadis ?, Spartacus, etc...).
En terme de scénario, le film pèche déjà en n’apportant pas une réponse au défi initial : la quête avait pour but la libération d’Aeson. Jason... s’interrompant avec le départ de la Colchide et l’idylle entre Médée et Jason, le spectateur ne peut que supposer que la mission est accomplie. En abrégeant ainsi le mythe, sans doute par souci budgétaire, la production s’est privée de tout un pan tragique du mythe, comme l’abandon de Médée guère compatible il est vrai avec une fin heureuse romantique.
Faute peut-être de ressources, le casting manque de physique. Certes Honor Blackman fait une excellente Héra, mais Todd Armstrong constitue un Jason falot, ce qui en soit n’est pas gênant car la quête doit donner au héros l’occasion de s’aguerrir, mais il le demeure et se ridiculise en utilisant ses cinq appels à Héra dans des moments absolument peu dangereux. Pire Nigel Green n’a pas le physique pour interpréter un Hercule convaincant ! Et où sont les autres fameux argonautes : Thésée, Castor, Pollux, Orphée ?
Trois minutes de Harryhausen ont suffit à rendre ce Jason et les Argonautes célèbre. Il n’empêche qu’en dépit de leur coût en temps et en argent, c’est un peu la toison d’or du pauvre.