JE T’AIME, JE T’AIME

Alain RESNAIS (1922-2014)

France, 1968

Claude Rich, Olga Georges-Picot

C’est parce qu’il est sans famille et qu’il vient de tente de se suicider que Claude Ridder se voit proposer par une équipe de chercheurs d’être le cobaye d’une expérience de voyage temporel dont les prémices n’ont porté que sur des souris. Envoyé théoriquement pour une minute un an dans son passé, Claude Ridder saute d’épisodes en épisodes de sa vie autour de son aventure avec sa défunte compagne Catrine, échappant au contrôle des scientifiques qui ne parviennent pas à le stabiliser les quatre minutes nécessaires à assurer son retour.

Poursuivant sa volonté de travailler sur des scénarios originaux d’écrivains, Alain Resnais sollicite cette fois Jacques Sternberg. Ce qui explique peut-être que le film ait été tourné en Belgique comme l’attestent les scènes de rue ou surtout le flamand employé par certains des chercheurs.

Sans doute originale dans la forme de son récit déstructuré - et encore j’ai un doute car je me suis laissé dire qu’Hiroshima mon amour ou que L’Année dernière à Marienbad présentaient déjà cette particularité -, cette œuvre de Resnais ne me l’a pas semblé par son thème de l’amour perdu. Avec le formidable Claude Rich, c’est heureusement la forme qui rend le film intéressant et supportable, car le spectateur s’interroge en permanence sur les causes et les conséquences des scènes qu’il voit et aspire à comprendre. Remis dans l’ordre chronologique, les scènes restitueraient une histoire insipide que la sobriété générale de la réalisation ne ferait qu’accentuer.

Je ne regrette pas de lui avoir consacré du temps et Je t’aime, je t’aime m’a réconcilié avec Resnais dont je n’avais qu’une modeste expérience, limitée à Nuit et brouillard, Smoking et No Smoking avalés l’un après l’autre [1] et à l’insupportable On connaît la chanson, Demy raté.